Édito publié dans Reconquête
Devant la complexité de la mondialisation et le labyrinthe de la finance mondialisée, face à des hommes politiques désabusés, incompétents, tenus par leur politique clientéliste et leur idéologie jacobine, les français interrogés rejettent massivement l’Europe ; du coup, plus de 59 % auraient une « opinion défavorable » de l’Europe. Les partis dits « souverainistes », anti-« austérité » et « républicains » peuvent évidemment accuser Bruxelles. Évidemment, la Babylone technocratique « UE », son administration soviétoïde et ses vues pour le moins nihiliste de la nature humaine, leur donne bien trop souvent le bâton pour se faire battre, à juste titre. Gardons cependant notre lucidité.La France est intrinsèquement sclérosée par son propre système, et, alors même que la situation mondiale demande des réformes structurelles profondes, notre pays est impossible à réformer. L’idéologie jacobine et centralisatrice, ses institutions (ENS, Science-Po, ENA, CNRS), ses médias publics tout-puissants (France Télévision, France Inter), son financement massif de la presse, ses associations et ses syndicats empêchent fondamentalement toute vraie réforme structurelle. La France, dans l’Europe, souffre surtout du manque de courage des politiques nationales qui, plutôt que d’assumer des mesures impopulaires – comme la réduction des déficits publics, l’harmonisation fiscale, la fin des régimes préférentiels (SNCF, RATP, Dockers, inter mi-temps du spectacle, etc.), préfèrent dire que l’Europe les impose. Au fond, les responsables politiques français ont depuis longtemps abandonné leur souveraineté, non pas parce qu’ils l’ont transféré à l’Europe, mais bien parce qu’ils n’ont pas le courage de gérer ce pays et d’entreprendre une réforme du système social jacobin, et son administration coûteuse, et son financement massif à la culture de mort. De ce point de vue, une construction européenne et une perte de souveraineté ne sont peut-être pas une « chance », mais la seule manière de réformer la France en profondeur.
Reste à savoir à qui profite le crime.
Le déversement idéologique et l’organisation quasi-soviétique de l’UE est évidemment inquiétante. Depuis l’Acte unique (1987), se sont succédés pas moins de cinq traités européens qui ont obligé à des révisions de la Constitution française. Aujourd’hui, plus de 40 000 fonctionnaires travaillent à Bruxelles, pour l’UE.
Sa géopolitique est de A à Z « otantisée ». Depuis 1992, l’Europe n’a cessé, avec le concours de l’OTAN – ou plutôt l’OTAN, avec la bénédiction d’esclave de l’UE, de déclarer la guerre aux nations souveraines : la Serbie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye et la Syrie. Et la liste risque de s’allonger…
Certes, l’Europe a ses (très) vilains canards. Le candidat à la présidence de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, alors Premier Ministre du Luxembourg, avait imposé la légalisation de l’euthanasie dans son pays en 2008 et a fait adopter en conseil de gouvernement, le 9 juillet 2010, l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels. Sur la question de l’entrée de la Turquie dans l’Europe, il a déclaré à Berlin, le 5 avril dernier, son souhait de « poursuivre les négociations d’adhésion de la Turquie », adhésion qu’il prévoit « dans les cinq à dix ans ». Le dossier Turc mettra la construction européenne devant l’histoire.
Entre une construction Européenne qui prend une tournure inquiétante et une politique nationale française irresponsable, les perspectives sont sombres. D’où la problématique profonde dans laquelle nous sommes plongés. La France est irréformable (à moins d’une révolution) : son jacobinisme idéologique désuet, en pleine mondialisation, nous conduit à la faillite totale et à la culture de mort. Nous ne nous en sortirons que par un travail commun entre les nations européennes. Et pourtant, l’Union Européenne, quoiqu’elle pousse la France à des réformes structurelles salvifiques, continue la même culture de mort et la même méticuleuse destruction nihiliste, à plus grande échelle. La perspective d’une « autre Europe » est alléchante, mais elle ne se fera pas si la même politique économique et civilisationnelle désastreuse est menée actuellement dans chaque pays. D’où la question : comment allons-nous prendre à bras le corps cette chance que nous offre le travail commun avec une nouvelle Europe pour pouvoir réformer réellement la France ? S’investir dans l’Europe, plutôt que la fuir, constitue le défi de tout militant chrétien et Français.